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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Andor s’éloigna ; il en avait entendu assez.

Lorsque Valéria revint de son tour, le baron Oldershausen chevauchait à la portière et ils causaient, badinaient, riaient ensemble. Andor ne pouvait saisir aucun mot de leur conversation ; mais leur façon de s’entretenir lui faisait de la peine.

Tout à coup la file des voitures s’arrêta. Voici le roi ! cria-t-on. Les piétons firent halte, formant une haie vivante. Andor remarqua que Valéria avait fait un signe au baron, et qu’il avait éperonné son cheval pour s’éloigner d’elle au plus vite. Le roi parut bientôt assis sur le siége d’une petite voiture et conduisant lui-même.

Tout le monde salua avec respect. Valéria s’était inclinée profondément et son regard souriant cherchait celui du roi, qui la fixa d’un air bienveillant. Elle pressait aussitôt sur son cœur le bouquet qu’elle tenait à la main.

Andor enfonça son chapeau sur sa tête et soupira. Riva avait-il raison ? Il venait d’entendre et de voir bien des choses qui semblaient le faire croire ; mais tout cela était-il suffisant pour condamner une femme dont il se savait aimé, pour quitter une femme qu’il adorait ?

La figure sombre, il retourna s’asseoir à sa table dans le bureau de rédaction ; le doute le mordait