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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

long d’un escalier. Il traversa ensuite une enfilade de pièces et une main de femme saisit la sienne pour le mener plus loin.

— Nous voici au terme de notre course, chevalier errant, lui dit tout à coup la générale d’une voix moqueuse en lui enlevant le bandeau.

Plant était dans une grande salle richement meublée, avec de magnifiques tableaux, et à peine suffisamment éclairée par les cinq bougies d’un candélabre en or.

Sur une ottomane recouverte d’une peau de tigre était à demi couchée une dame dont une espèce de domino plissé en soie rose et garni de dentelles blanches cachait la personne et dont la figure était masquée par un loup en velours noir.

La dame fixa longtemps sur Plant ses grands yeux impérieux, qui semblaient encore plus expressifs, plus menaçants à travers le loup, et lui fit ensuite signe de s’asseoir.

Il se laissa tomber sur un fauteuil d’avance mis là pour lui. La générale prit place sur un tabouret aux pieds de la dame masquée.

— Vous avez joué, monsieur, un jeu très-hardi, commença la dame au loup ; mais la fortune vous semble favorable, ou bien votre esprit supérieur lui a forcé la main. Par vous nous avons gagné et au delà de toute espérance en aussi peu