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RICHESSE PRIME HONNEUR

féminine pour les spéculations de Bourse. La reine en fit partie, apportant une grosse somme. Hanna, sa mère la conseillère, la comtesse Bärnburg et Micheline s’associèrent aussi, selon la mesure de leurs moyens.

Avec l’indifférence d’une vraie grande dame, Hanna remit à Plant beaucoup d’argent ; mais elle pouvait sans danger être indifférente avec lui, elle le tenait complétement dans sa main. Elle tenait sinon sa vie, du moins son honneur, son crédit, son existence. La tête tournait à Plant, tandis qu’il mettait tant d’argent dans son portefeuille ; ce moment de faiblesse fut de courte durée. Une minute après il avait reconquis tout son calme et, les jours suivants, il donnait déjà des preuves éclatantes de son habileté à la moderne.

À l’heure où la Bourse était encombrée, un domestique de l’établissement apporta au syndic une lettre à lui adressée par la Banque de Crédit, laquelle lettre il s’empressa de communiquer aux personnes présentes. La lettre, annonçant que la Banque de Crédit avait résolu d’élever à dix millions le chiffre de ses actions, produisit un effet foudroyant. Les actions de cette Banque, qui le matin valaient 85 tombèrent aussitôt à 70.

De tous les cafés, de tous les débits de vin dans le voisinage de la Bourse, les boursiers ac-