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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Votre affaire sera de réussir : l’insuccès comptera comme une faute. Nous sommes trop de notre époque pour ne pas trouver aussi punissable une perte provenant de votre maladresse que celle qui proviendrait d’un manque d’honnêteté. Nous voulons avoir entre les mains un écrit par lequel vous vous livrez à nous, aussi bien en cas d’imprudence et de malheur qu’en cas de faute réelle de votre part. Il faut que vous nous vendiez votre âme, monsieur Plant.

Hanna avait souri en terminant.

— Avez-vous le document à signer ? demanda Plant résolu à ne pas laisser échapper la fortune qui venait à lui sous une forme aussi attrayante.

— Demain, je vous enverrai le modèle, répondit la générale. Je ne supposais pas qu’une idée qui m’était venue par hasard prendrait corps si subitement. Et maintenant, mon cher Plant, retirez-vous. Mon mari peut revenir du casino à tout moment.

Le lendemain, Plant reçut le modèle. Il le transcrivit de sa main, le signa et l’apporta à Hanna. Il sentait qu’il jouait tout sur une seule carte ; mais il n’avait pas peur des conséquences d’une faute, car il était sûr du résultat. Il avait foi en son talent, en son sang-froid, et certes avec raison.

Il se créa alors une espèce de société secrète