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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Ce n’est certes pas cela qui le ferait reculer.

— Je ne pense pas qu’il veuille s’exposer à un refus.

— Oh ! vous ne seriez pas aussi cruelle pour lui que vous l’avez été pour d’autres.

— Je crois que si.

— Mais le roi s’est mis en tête de montrer combien il aime son peuple et combien il est disposé à aller au-devant des idées de son temps. Il veut élever une bourgeoise au rang de sa favorite et faire d’elle son intermédiaire entre le peuple et lui. C’est un rôle brillant, à envier, qu’il vous destine, et, si je ne me trompe, vous êtes de tout point, ma chère Hanna, la femme qu’il faut pour occuper la position d’une Pompadour allemande.

— Vous ne me connaissez pas, Majesté.

La reine prit les deux mains d’Hanna et la regarda longtemps dans les yeux.

— Si vous étiez capable de repousser le roi, s’écria-t-elle avec une diabolique expression de haine, si je pouvais le voir à vos pieds, suppliant et n’obtenant qu’un éclat de rire, je m’agenouillerais devant vous, Hanna.

— Alors, Majesté, vous serez forcée de vous agenouiller devant moi.

— Hanna ! ne comptez-vous pas trop sur vos forces ?