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OÙ LES MAJESTÉS SACRIFIENT, ETC.

l’Incorruptible, rirent ensemble de la pièce d’Andor et enfin Plant baisa de nouveau la petite main froide de la belle générale.

À dater de ce moment, Hanna devint, dans toute l’acception du mot, le chef de Plant. Il reçut d’elle ses instructions ; il dirigea son journal dans le sens qu’elle lui indiquait et, s’il obéissait avec plaisir, elle, de son côté, semblait emprunter au commandement un charme nouveau. La manière de faire la cour de Plant avait l’attrait de la nouveauté pour la générale. Il se conduisait avec elle comme avec une actrice ou une lionne du demi-monde élégant et avait ainsi plus de succès qu’il n’eût osé l’espérer.

Peut-être eût-il fait la conquête de la femme jusqu’alors sans reproche, si un puissant rival n’était pour la seconde fois venu se jeter en travers de son chemin.

— J’ai une nouvelle à vous apprendre, générale, dit un matin la reine à Hanna : le roi est amoureux de vous.

Hanna rougit et ne trouva rien à répondre.

— Avec quelle facilité vous rougissez encore, observa la reine, et comme ce faible du roi vous flatte ! Me serais-je trompée sur votre compte ?

— Sa Majesté sait que je ne suis pas une femme galante.