Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/658

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Au lieu du vieillard taciturne qui avait guidé l’Américain, apparut cette fois une petite soubrette fortement voilée et très-babillarde. Elle s’entretint avec le comte en très-bon français, et lui promit toutes les joies de l’amour auprès de sa maîtresse. Elle lui banda les yeux avec son mouchoir de poche et bavarda sans relâche avec lui jusqu’au moment où elle lui enleva le bandeau.

Le beau Polonais se vit alors dans une jolie chambre, genre rococo, qui aurait pu servir de boudoir à une Pompadour ou à une Dubarry. La petite babillarde voilée lui fit une profonde révérence, en lui indiquant du doigt la chambre voisine, et se hâta de disparaître.

Il ouvrit la porte et entra dans une petite salle ornée de colonnes, ressemblant à l’intérieur d’un temple grec. Au milieu de cette salle, sur un lit à coussins rouges avec des glands d’or, qui avait l’air d’un autel, et que quatre fausses caryatides portaient sur leurs têtes, était une femme à figure cachée par un masque en velours noir, à corps de déesse fort peu voilé.

Le beau Polonais s’élança vers elle et s’inclina jusqu’à terre dans l’attitude de l’adoration.

Il fut assez imprudent, dans un moment de faiblesse, pour parler de son aventure olympienne à une jeune dame qui lui accordait ses faveurs.