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OÙ LES MAJESTÉS SACRIFIENT, ETC.

Dans l’après-midi, elle manda la générale Mardefeld, et, deux jours après, le jeune Américain partait, sans qu’on sût ni pourquoi ni pour où.

Malgré tout le mystère qui planait sur le château et ses occupants, les galants cavaliers de la ville, loin d’être effrayés, se montraient très-désireux de courir les aventures que l’on pouvait y rencontrer.

Il devint de mode d’insinuer qu’on en savait plus long qu’on ne voulait en dire sur Wolfseck et son étrange châtelaine. Plus d’un héros téméraire fut soupçonné d’entretenir des relations avec le spectre charmant et excita l’envie, bien qu’il n’eût vu du château que les vieux murs gris et épais.

Un jour, un comte polonais, dont les terres étaient situées en Lithuanie et qui vivait cependant à l’étranger, reçut un billet doux, d’une écriture féminine déguisée. Il était arrivé depuis peu dans la ville, et le billet l’invitait à se trouver tel soir dans le voisinage du château mystérieux, en un endroit solitaire, peuplé de chênes séculaires et d’une pierre recouverte de mousse.

Le Polonais, homme d’une rare beauté et à réputation de don Juan, supposa aussitôt qu’il s’agissait d’une aventure d’amour, et arriva exactement à l’heure indiquée.