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OÙ LES MAJESTÉS SACRIFIENT, ETC.

tueuse chambre à coucher, meublée dans le goût de l’époque de la guerre de Trente ans. Le vieillard l’aida à se déshabiller avec tout le savoir-faire d’un valet de chambre de roi, alluma ensuite une lampe rouge descendant du plafond, et éteignit les bougies du candélabre en argent.

Avant que le jeune Américain se fût endormi, son regard tomba sur le portrait, en grandeur naturelle, d’une belle femme en costume de velours noir brodé d’or, à grande fraise entrelacée de fils dorés, à perruque entortillée du temps de Wallenstein, qui tenait à la main un éventail en plumes blanches d’autruche.

Le portrait était placé en face de lui sur le mur qu’il couvrait du haut en bas. À droite était un autre portrait, celui d’un général ayant le collier de fer, l’écharpe et le bâton de commandement ; à gauche, celui d’un prélat avec le manteau violet.

Dans la nuit, un bruit mystérieux et un fort courant d’air ayant réveillé le dormeur, ses yeux se portèrent instinctivement sur le portrait féminin qui l’avait tant frappé ; il lui sembla que la superbe femme était descendue de son cadre et marchait vers lui.

Il se redressa, se frotta les yeux et vit clairement alors que le grand cadre était vide, et que la