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VALÉRIA REMPORTE UNE VICTOIRE

meur dans sa loge ; Hanna, portant sur la tête une masse de cheveux disposés en tour de Babylone, s’éventant avec un éventail en nacre et causant avec Micheline, avait l’air gai, nullement embarrassé ; le comte Riva et l’oncle Gerling enduraient en haut, à la galerie, la fièvre de l’attente. Plant bâillait dans sa stalle, et Valéria, sortant de sa loge belle comme une déesse, tendait à Andor une main froide autant que le marbre et lui murmurait qu’elle jouerait mal parce qu’elle était trop agitée.

Le rideau se leva. L’accueil fait au premier acte fut froid. Au second acte, apparut Valéria, et alors commença la lutte dans laquelle l’actrice allait déployer pour l’homme de son cœur l’élan, la souplesse d’une lionne. De parole en parole, de scène en scène, Valéria réchauffa les spectateurs et finit par enlever un tonnerre d’applaudissements.

La pièce eut un beau succès. On demanda l’auteur, et parmi ceux qui avaient commencé à crier, on reconnaissait deux grosses voix partant de la galerie.

Le régisseur parut et remercia, tandis que les dames mettaient leurs sorties de théâtre, et que les messieurs se tenaient derrière elles en domestiques, avec les manteaux et les châles.

— Claque ! s’écria Plant haussant les épaules.

— Dieu soit loué ! demain nous aurons la Vie