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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

gorge se soulevait et s’abaissait comme la vague recouverte d’une blanche écume.

Une heure plus tard, Andor arrivait lui-même chez elle, apportant le journal.

Elle courut à lui et lui tendit ses deux mains qu’il trouva froides, qu’il sentit trembler dans les siennes.

— J’ai déjà lu, murmura-t-elle. Je vous remercie ; mais vous n’avez, je crois, dit que la vérité.

— Vous avez admirablement joué.

— J’ai bien joué, parce que je… jouais pour vous.

— J’avoue que votre jeu m’étonne autant qu’une énigme. Je ne puis me l’expliquer qu’en supposant que vous…

— Achevez.

— Que le rôle de la Milford vous a servi à exprimer vos propres sentiments.

— Oh ! vous me faites tort ; vous me faites mal !

Valéria était devenue affreusement pâle ; ses yeux se remplirent de larmes, et elle se détourna pour les cacher ; mais Andor les vit perler à ses longs cils bruns.

Ce fut en ce moment critique qu’elle lui mit le pied sur la nuque.

Il lui saisit la main et balbutia des mots ab-