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VALÉRIA REMPORTE UNE VICTOIRE

pourrez, » fut le plus beau triomphe connu jusqu’alors. Le public se montra fanatique ; le roi lui-même applaudit ; mais elle ne s’en apercevait pas. Quand elle dut reparaître enfin sur la scène et s’incliner, ses yeux se fixèrent sur Andor. Elle le vit debout contre son siége, battant des mains avec transport. Alors elle se sentit frissonner de la tête aux pieds ; elle était contente, fière, heureuse.

Le roi vint derrière les coulisses pour la complimenter ; mais elle prétexta qu’elle changeait de costume et resta dans sa loge. Dans la scène avec Louise, on aurait cru assister à une pièce nouvelle. Jamais aucune Milford n’avait joué ainsi. Aux phrases familières à chaque écolier : « Sache-le donc, misérable ! le bonheur est détruit, lui aussi ! » elle donna une expression, une valeur dont personne n’avait d’idée.

La pièce finissait avec le quatrième acte. Très-peu de spectateurs restèrent pour le cinquième acte. Après les dernières paroles de la Milford, Andor s’était rendu à l’imprimerie du journal. Encore sous l’impression du jeu de Valéria, il écrivit une critique qu’elle lut le lendemain en prenant son chocolat. La feuille tremblait entre ses mains ; ses regards brûlaient le papier encore humide ; ses narines frémissaient aux ailes ; sa