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VALÉRIA REMPORTE UNE VICTOIRE

s’arrêtant de temps en temps pour prendre un livre, de sa main que le gant faisait paraître plus petite encore, en secouer la poussière et en soulever la couverture.

— C’est tranquille ici comme dans un cimetière, reprit-elle bientôt, et les livres sont là comme des morts embaumés dont l’âme semble à tout instant prête à descendre pour causer avec vous.

Andor ne répondit pas. Il regardait sa visiteuse dont le costume de velours moulant si bien le corps élancé chatoyait à la lumière. Il se demandait quel éclat elle avait apporté avec elle pour le répandre dans sa grande chambre sombre et il sentait que le doux parfum qu’elle dégageait dominait de plus en plus l’odeur de moisi régnant chez lui.

— Qu’est-ce que ces vieux livres-là ? s’écria Valéria se baissant tout à coup vers le parquet avec une joie d’enfant. On dirait des momies dans leurs reliures desséchées. Oh ! comme ils sont gros et lourds !

Elle s’efforça de retirer un in-folio du rayon.

Andor lui vint en aide, soulevant ainsi un nuage de poussière qui fit éternuer Valéria, mit sur la table l’ouvrage à reliure en cuir de cochon et l’ouvrit.