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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

de l’art, la voix contre les libertés qu’elle prenait sur les planches.

Un soir, Andor, définitivement chargé à la Réforme de toutes les grandes et petites histoires mondaines, se rendit par hasard au théâtre, afin de s’y rafraîchir les idées en écoutant Gœtz de Berlichingen.

Il vit Valéria jouer le rôle d’Adélaïde. Il fut tout surpris lorsqu’elle parut en scène. C’était là la femme qui pouvait réunir tous les fils de l’intrigue dans sa petite main calme ! Le tableau connu de Kaulbach lui paraissait fade, bourgeois, en comparaison de l’effroi que lui produisait ce démon avec les grands yeux de flamme, la chevelure noire déroulée.

Dans la scène des échecs avec l’évêque, il considéra l’apathie de l’actrice comme de la distinction, comme une étude bien calculée du caractère changeant de cette séduisante sirène ; mais, dès l’apparition de Franz, l’écuyer, il fut choqué. Il commença à froncer les sourcils, à se démener sur son fauteuil. À la fin du quatrième acte, il était déjà indigné contre cette manière insolente de jouer l’un des immortels personnages d’un grand écrivain.

Vainement, au dernier acte, Valéria déploya-t-elle toute la passion qu’elle savait mettre dans