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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Pourtant, je me suis très-bien amusée plusieurs fois déjà, dit Micheline après avoir bâillé à pleine bouche ; tu ne peux pas demander plus.

— Je demande plus.

— Prends donc un chef de file des grenadiers de la garde.

— Tu ne veux pas me comprendre. Je n’ai pas beaucoup de tempérament ; c’est peut-être non-seulement mon bonheur, mais encore toute ma vertu. Je pourrais parier que jamais mes faibles sens ne me joueront quelque tour. Je n’avais pas encore pensé jusqu’à aujourd’hui…

— Que ce serait piquant si le général était remplacé dans son poste !

Hanna se prit à rire.

— Je te répète, dit-elle, que mon contentement ou mécontentement n’a rien à faire avec cela. Je n’ai à me plaindre ni de mon mari ni de ma situation. Dans ma maison tout est exactement en ordre, commode, riche, monotone et froid comme j’espérais le trouver. Il n’y a donc pas pour moi de motifs de froncer les sourcils à qui que ce soit. J’ai fait moi-même ma vie telle qu’elle est, telle que l’exigent mes désirs, mes besoins ; mais je commence à croire que jadis je ne me suis pas bien connue, ou que j’ai bien changé depuis lors. J’occupe à côté du général une place que bien