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L’ÉCOLE DE LA VERTU

— À qui crois-tu que cette pensée puisse venir, follette ? s’écria Micheline riant haut.

— Je ne prétendrai pas non plus m’être fait illusion, continua Hanna. Cependant…

— Cependant tu n’es pas contente.

— C’est vrai.

— Alors prends un amant.

Hanna plissa la lèvre inférieure avec un dédain qui lui seyait bien en ce moment.

— Je ne sais pas, fit-elle, si j’y regarderais à deux fois dans le cas où il serait possible à un homme de m’inspirer une grande passion ou même quelque intérêt ; mais en voyant de près les messieurs autour de nous…

— Allons, il y a parmi eux de jolis jeunes gens.

— Je ne dis pas non ; malheureusement, ils me font tous, sans exception, l’effet d’images à transparent, sans lumière brûlant derrière. Le général est, du moins, un homme, lui ; mais tous ceux qui se démènent autour de nos traînes visent à l’esprit, se vantent, nous adorent, chantent nos louanges, ne valent pas mieux que la poussière que nous soulevons. Parmi ces fats ceinturonnés, pommadés, ou ces jockeys répandant une odeur d’écurie, montre-m’en un qui soit capable d’occuper sérieusement pendant un quart d’heure une femme, une femme comme moi.