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L’ÉCOLE DE LA VERTU

Chacune des deux dames admirait l’autre avec feu, avec complète subordination de sa propre personne.

« Oh ! comme te voilà charmante, d’une fabuleuse simplicité ! s’écriait Micheline ; et Hanna ne trouvait pas assez de paroles pour louer l’étrangeté, la richesse de la nouvelle toilette de son amie.

Mais dans la visite faite ailleurs par Micheline, un quart d’heure plus tard, elle ne parlait déjà plus de même.

« Cette générale est-elle encore accoutrée aujourd’hui ! Comment dirais-je ? Oui, comme une fermière. La pauvre femme se ressentira toute sa vie de la situation dans laquelle elle a grandi. »

De son côté, Hanna affirmait à la première connaissance se montrant chez elle, après le départ de Micheline, qu’entre cent femmes élégantes elle reconnaîtrait la juive au premier coup d’œil ; sa chère bonne amie avait une manière à elle de démontrer que, à chaque occasion, le Ghetto se compromettait par son manque de goût et son penchant pour les couleurs voyantes.

« Elle ressemblait », concluait-elle, « ma foi, elle ressemblait à une écuyère italienne qui aurait épousé un prince russe. »

Lorsque Micheline, avec cette assurance parti-