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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

M. le baron a déjà fait des affaires avec Steinherz.

L’étranger va chez le baron, s’excuse et apprend que Steinherz est sûr. Confiant, il se rend chez Steinherz, qui endosse le billet et reçoit pour cela cent florins. Une heure après, l’homme de fer baptisé Grüwald, par exemple, pour l’occasion, vient prendre le billet et promet d’apporter dans l’après-midi l’argent qu’il n’apporte jamais.

L’étranger l’attend de jour en jour. À la longue, il se rend chez Steinherz, qui fait une terrible figure.

— Je vais vous dire ce qu’il en est, s’écrie-t-il : Une filouterie ! Et il faudra que je paye le billet. Mais non ; je vais à la police, et comme je ne connais pas l’autre, je porterai plainte contre vous.

L’étranger a beaucoup de peine à démontrer à Steinherz que c’est lui qui est filouté et à l’empêcher de se rendre à la police. Il s’estime heureux que le billet soit annulé et part avec la conviction qu’il a échappé à un grand danger en ne perdant qu’une misérable somme de cent florins.

C’étaient là les jolies affaires pour lesquelles le baron Keith prêtait l’appui de son bon vieux nom à Steinherz. Il en arriva vite à en faire lui-même du même genre et aussi lucratives. Dans tout métier, l’apprentissage est le principal, et, avec Plant