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L’INCORRUPTIBLE

commençait à ne plus donner, et ce qu’elle avait produit s’épuisait. Il n’était nullement à même d’écrire convenablement une lettre ordinaire et l’orthographe était pour lui une science d’une profondeur sans fond ; mais Plant ne songeait pas non plus à lui confier la rédaction de n’importe quel article. Il n’engageait le baron que pour recueillir de la matière, c’est-à-dire pour apporter sans frais, tout chauds au bureau du journal les grands et petits scandales de la ville. Les innombrables connaissances de Keith dans les cercles les plus élevés de la société lui rendaient cette tâche presque aussi facile que de tricher à la roulette.

Après il prit à gages Gansélès, mal payé chez Steinherz, et nourri de telle sorte qu’il sentait la famine. Le rôle de ce vaillant devait être de faire les courses, les commissions, les corrections, la cuisine du journal, de signer les articles délicats et de se laisser mettre en prison au besoin. Dans ce dernier cas, il était convenu que Gansélès toucherait cinq florins par jour et recevrait dix cigares.

Enfin, il s’attacha M. Pfefferman, journaliste très-expert dans son métier, qui avait été chassé de plusieurs journaux et qui nourrissait le projet de fonder une officine à mariages. Malgré sa mauvaise