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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

son habit et se rendait chez l’intendant du théâtre de la cour auquel il tendait sa pièce.

Le grand homme se montra plus affable qu’on ne s’y serait attendu. Les intendants sont généralement aimables ; le manque d’amabilité, ils le laissent à leurs inférieurs qui s’attirent ainsi la haine des acteurs et des auteurs. Cette fois, cependant, il se produisit quelque chose d’extraordinaire : l’amabilité de l’intendant ne fut pas qu’en paroles. Un hasard était favorable à Andor.

L’intendant, qui se faisait un cas de conscience de toujours jeter les yeux sur le titre de la pièce, lut le nom de Messaline, et ses souvenirs de collége se réveillèrent.

— C’était une impératrice romaine, se dit-il à lui-même, une femme des plus piquantes.

Les vieux messieurs aiment à se procurer par la lecture des émotions que la jeunesse obtient par des moyens bien plus simples. L’intendant emporta donc la pièce d’Andor chez lui et la lut le soir sur une chaise longue où il s’était commodément étendu. La pensée de Valéria jouant le rôle de Messaline vint échauffer son imagination, et de là à se dire : « Valéria jouera Messaline », il n’y avait pas beaucoup de chemin.

Après avoir fini le manuscrit, il prit le crayon rouge et écrivit au-dessus du titre : « Sera repré-