Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/542

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Amoureux comme un Turc et non moins jaloux, il monte l’escalier en courant, rejette contre le mur, ainsi qu’une balle, la soubrette qui vient à lui, et s’élance dans la chambre à coucher de la perfide. Oh ! qui peindra son ravissement ! La perfide, est là couchée, innocente, tranquille sur ses coussins en soie, et elle dort. Elle dort même si bien qu’il l’entend ronfler en se penchant, altéré de vengeance, au-dessus d’elle.

Comme ce ronflement lui semble mélodieux ! Il reste longtemps à la regarder en ayant l’air d’écouter une musique céleste. Trop tard il se souvient de ses affaires. Il retourne à la Bourse en toute hâte et apprend qu’il a perdu la bagatelle de cent mille florins.

Il cherche Gansélès pour lui donner des preuves frappantes qu’il a menti ; mais il ne le trouve pas. Il ne découvre nulle part l’enfant de la Palestine aux cheveux noirs qui, pour faire le jeu de ses adversaires, l’a éloigné de la Bourse par une fausse nouvelle, et qu’il a de plus récompensé d’une belle pièce d’or.

Dans l’intervalle, Plant et Steinherz sont assis chez un marchand de vin et se partagent sa dépouille en buvant une bouteille de vin du Rhin.

Après un certain nombre de bonnes affaires de ce genre, Plant se vit enfin arrivé au but qu’il