Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/517

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
UN HOMME LOYAL, ETC.

à Sa Majesté avec une chaleur imagée, et Rosenzweig obtint facilement la permission de venir offrir l’étoffe lui-même.

Il se montra avec son ordre papal. Malgré tout l’empire sur elle-même dont elle était capable, la reine ne put cacher son ravissement. Elle s’écria : « Que c’est beau ! » pendant que le banquier dépliait l’étoffe, et se montra très-gracieuse pour lui.

Soudain son œil s’arrêta sur la barbe encadrant la figure radieuse de Rosenzweig, et son front se plissa un peu. La longueur des cheveux et la coupe de la barbe étaient pour elle comme une indication sûre de la loyauté de l’homme.

— On pourrait vous prendre pour républicain, si vos bons sentiments n’étaient pas connus, dit-elle froidement. J’attends de votre loyauté que vous mettiez, à l’avenir, votre extérieur d’accord avec votre intérieur.

— Pardon, Majesté ; je ferai de mon mieux pour que mon crime me soit pardonné, répondit Rosenzweig, jouant de l’épine dorsale comme un homme en caoutchouc.

Le jour suivant, le banquier fut fait baron et invité à la table royale. Le nouveau noble, qui était tout à fait chauve, portait une perruque, mais en hiver seulement. Il la mettait le 1er  octobre et la quittait le 1er  mai.