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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

porté avec lui et déposé, bien empaqueté, dans l’antichambre.

— Je serais inconsolable de ma maladresse, Excellence, dit-il solennellement, si, comme je vous l’ai annoncé, je n’avais un service pareil. Ce service sera bientôt ici et vous me permettrez, Excellence, de vous l’offrir en remplacement.

— Contre le montant de ce qu’il vous a coûté.

— Non, Excellence, je ne saurais consentir à…

— Mais je ne puis accepter un cadeau aussi précieux, sans…

— Quand le moment viendra de m’anoblir, Votre Excellence ne fera pas d’opposition !

— Assurément non, cher Rosenzweig.

Le valet de chambre entra avec le service, qui était si exactement pareil à l’autre, que Kronstein, collectionneur avant tout, fut presque joyeux de la mésaventure arrivée à Rosenzweig. Ce fut ainsi que le banquier parvint à faire accepter un présent au ministre incorruptible.

Quant à la reine, il n’eut pas de difficultés, valant la peine d’être mentionnées, pour lui faire accepter le cadeau à elle destiné. Il avait fait tisser à Paris une magnifique étoffe dont le dessin avait été détruit, et qui était, en outre, parsemée de scarabées d’or indiens. Le présent était digne d’une souveraine. Le ministre Kronstein en parla