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UN HOMME LOYAL, ETC.

nilles, et la fiévreuse activité des magistrats ne se calma que le jour où l’ambassadeur à Rome annonça que le sculpteur venait d’arriver dans la Ville éternelle. Alors l’implacable femme pensa à un nouveau plan de vengeance. Il ne lui suffisait pas d’avoir jeté le malheureux Wolfgang dans la misère, elle voulait l’anéantir, le fouler aux pieds comme un ver. Cette vilaine pensée qu’elle roulait nuit et jour gâta son humeur pendant plusieurs semaines ; mais lorsque les gouvernants allemands ont l’air sombre, il se trouve toujours quelque sujet dévoué, quelque bon patriote pour ramener le rire sur leurs lèvres, à l’aide de sa loyauté.

Cette fois l’homme loyal qui se dévoua fut Rosenzweig. Le titre de comte romain l’avait rendu hardi, entreprenant. Il s’était décidé à tout mettre en jeu pour ajouter tout au moins à ce titre un « de » allemand.

Rosenzweig était doué d’un véritable génie pour offrir des cadeaux. Il n’avait pas encore rencontré d’honnête Allemand qui eût refusé de prendre ce qu’il lui avait adroitement présenté. Un seul personnage s’était montré insensible jusqu’ici à l’irrésistible bonhomie du banquier, et ce personnage était précisément le ministre de Kronstein, l’homme sans lequel il n’y avait pas possibilité de réussir à se faire anoblir.