Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/509

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
UN HOMME LOYAL, ETC.

peut-être aussi de coqueter. Et qui la blâmerait de faire passer ceci avant cela ?

Son enfant appartient à la nourrice, et elle, la générale Mardefeld, appartient au monde.

Chaque matin, n’embrasse-t-elle pas son cher nouveau né avec tendresse, et chaque soir, régulièrement, ne se souvient-elle pas de lui faire le signe de la croix, avant qu’il s’endorme ? On ne saurait demander plus.

Nos excellentes publications à l’usage des familles ont pour principe de toujours dépeindre le monde comme s’il était parfait, et surtout de déclarer irréprochable notre vie allemande. En France, en Italie, en Russie seulement, il peut se passer de temps en temps quelque petite histoire de nature à nous ouvrir les yeux sur les laideurs morales et à nous fortifier dans la conviction que nous sommes les gens les plus honnêtes de la terre.

Que nous importent les terribles chiffres de la statistique sur la mortalité des enfants ; que nous importe que ces enfants ne meurent que parce que la plupart des mères rendent leurs devoirs aussi légers que possible, pourvu qu’on ne parle pas de cela, qu’on ne l’écrive pas, pourvu que les héroïnes des romans allemands soient des modèles de vertu !