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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

pèce humaine d’aimer à noircir ce qui brille. Il y eut des langues de vipère qui prétendirent que lorsque madame Teschenberg organisait une tombola pour les pauvres, ce qu’il y avait eu de plus beau parmi les lots se retrouvait plus tard chez elle, sous forme de jolie ombrelle à broderies, de carreau, de vase, de tableau, qu’elle faisait faire antichambre aux besoigneux ni plus ni moins qu’un ministre, et qu’elle n’accordait des dons qu’à ceux qui lui étaient recommandés par le clergé ou les dames de la noblesse.

Les mauvaises langues racontaient encore qu’un pauvre cordonnier asthmatique et âgé de soixante et onze ans avait été, avec sa femme aussi vieille que lui, mis à la porte de la maison qu’il habitait, parce qu’il n’avait pas pu trouver de quoi payer le semestre d’hiver de son petit loyer à deux florins par mois. Il était allé en vain se prosterner devant la bienfaisante conseillère pour en obtenir les douze florins qu’il devait, et, pendant ce même temps, une baronne avec deux grandes filles avait été préservée d’une saisie, grâce à une forte somme à elle donnée.

La baronne et ses deux grandes filles devraient bien travailler, ajoutaient les gens méchants.

Oh ! peut-on être assez pauvre d’esprit pour ne pas mieux comprendre que noblesse oblige, pour