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LES PETITS SECRETS D’UNE ACTRICE

et je ne reviendrai plus à toi, parole d’honneur.

Ils s’entendirent bientôt pour le reste. Wolfgang demanda mille florins. Plant lui rit au nez, et enfin ils tombèrent d’accord pour cinq cents. C’était beaucoup pour Plant, mais il n’y avait pas d’autre moyen de salut. Il tira donc sa bourse et compta l’argent à son incommode ami de jeunesse, en adressant à chaque billet ce tendre regard qu’une mère adresse à un enfant bien-aimé qu’elle remet entre des mains étrangères.

— Merci ! fit Wolfgang. Je ne m’étais pas trompé sur ton compte. Aussi vais-je te raconter mes aventures.

— Ce n’est pas nécessaire.

— Mais, Plant, je tiens à ce que tu ne me prennes pas pour un gueux ; écoute donc ceci seulement : Le prince russe qui m’avait attiré à Saint-Pétersbourg s’entendait avec notre reine. Arrivé là-bas, j’ai été dénoncé comme espion politique, arrêté, retenu prisonnier, puis envoyé en Sibérie. En route, j’ai trouvé de braves gens qui m’ont aidé à m’échapper, et je suis revenu ici en mendiant. Maintenant, tu sais tout. Quand je serai à Rome, avec un autre atelier, je t’écrirai.

Il fallut que Plant subît une nouvelle et tendre accolade qu’il rendit avec une figure aigre-douce, puis le sculpteur le quitta. Le danger était écarté