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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

uniforme qui lui montra toute l’habitation. Elle écrivit ensuite à Sa Majesté ces quelques mots : « Je prends le joli hôtel ; j’y serai cependant un peu à l’étroit. »

Dans le courant de l’après-midi, le roi apporta lui-même l’acte ainsi que les autres écrits stipulant la dotation de la coûteuse dame.

Le palais n’avait pas été habité depuis des années. Il y avait donc beaucoup à arranger avant que les beaux appartements fussent en état de recevoir dignement l’amie du monarque. Il fallut acheter bien des choses, et sur les grosses factures que le roi paya, Plant s’adjugea une jolie petite somme. Il n’était pas manchot pour cette sorte de choses, et à mesure que sa bourse se gonflait, il prenait plaisir à son rôle de domestique-intendant de la favorite du roi.

Les natures pratiques sont encore les plus heureuses. Un Bismarck est complétement étranger aux douleurs profondes, aux luttes d’un Schiller ou d’un Beethoven.

Au commencement, Plant ne se montrait dans les rues de la ville qu’avec la prudence d’un voleur élargi de prison. Chaque maison connue le faisait pâlir ; chaque figure de connaissance lui donnait des battements de cœur ; mais en voyant ses meilleurs amis passer près de lui et le regarder avec la