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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

c’était beaucoup pour l’époque ; tout le monde me félicita d’avoir un si bon parti. Enfin arriva notre noce. Ce fut un vrai jour de gaieté. Aujourd’hui on ne connaît plus cela.

Le matin de bonne heure commencèrent les amusements ; mon frère défit les chaînes devant le château. De partout arrivèrent les invités ; tous les parents étaient là. Les jeunes filles avaient de jolies toilettes et les garçons étaient si gentils ! Moi je portais une robe blanche, une couronne de myrte, et ton père était tout de noir vêtu. Nous nous rendîmes à l’église, et au retour il y eut un grand dîner, puis on dansa jusqu’au jour.

Après, nous prîmes le chemin de la ville.

Qui aurait pensé, en ce temps-là, à faire un voyage de noce ? Le jeune couple était heureux de passer ses premières semaines chez lui dans le calme, le bien-être, le tête-à-tête.

Dès notre arrivée, ton père me montra l’appartement, les meubles, les tableaux, et tout me plaisait beaucoup, car c’était à lui, c’était à moi, c’était nôtre. Le magnifique château de Versailles ne m’eût pas plu autant. Je m’installai sur-le-champ, et lorsque les lampes furent allumées, notre logis semblait si joli, si commode ! Je me dirigeai ensuite vers la cuisine.

Je n’aurais pas voulu qu’une autre que moi