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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Tout à coup elle partit d’un de ces éclats de rire à valoir le fouet à un enfant.

— Ah ! je devine ; vous avez une perruque. Drôle, très-drôle !

Lejeune cavalier devint pâle. Il portait en effet de faux cheveux.

— Chez quel friseur avez-vous acheté cette magnifique perruque ? continua impitoyablement Valéria. Le gaillard entend son métier. Je lui commanderai pour moi un chignon et une perruque blonde à la Marie Stuart.

Avec Plant, elle s’amusait à toute sorte de choses. Ils allaient à la ville et en revenaient dans un élégant phaéton qu’elle conduisait elle-même ; ils montaient à cheval ensemble ; ils chassaient, ils pêchaient ; ils posaient des filets et construisaient un petit poste, d’où ils guettaient les pauvres oiseaux.

Chacune de ces passions nobles donnait à Valéria occasion de se montrer sous un nouveau jour piquant, soit qu’elle tint le fouet pour stimuler les chevaux, ou qu’elle épaulât son fusil en clignant de l’œil pour mirer n’importe quoi, soit qu’elle lançât les poissons hors de l’eau, d’un seul coup, les détachant ensuite de l’hameçon ensanglanté, soit encore qu’elle retirât du filet les oiseaux pris pour leur tordre le cou, il y avait tou-