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SOUS PRÉTEXTE D’IDÉALISME

Tout était fraîcheur et parfums ; tout respirait l’amour, le plaisir, la gaieté.

Mais ces merveilles n’auraient rien été sans la femme qui donnait la vie à ce coin de terre, qui était l’âme de cet Éden enchanteur. Tout avait été réuni là pour Valéria et cependant c’était elle qui mettait tout en relief. Chaque fleur semblait éclore sous ses pas ; le chant des oiseaux dans les arbustes se réveillait à sa voix. Loin d’emprunter l’éclat de sa personne à ce qui l’entourait, elle versait plutôt le charme sur toute chose, en donnant la couleur, le brillant, la valeur.

Et, comme elle savait se montrer toujours nouvelle, toujours pimpante ! Au lieu de se contenter du cadre qui l’entourait, on la voyait tantôt se reposant sur un divan dans tout l’éclat d’un costume oriental, des perles dans les cheveux, tantôt minaudant au salon, en robe de soie bouffante, les cheveux poudrés, la mouche sur la joue, l’éventail à la main, tantôt enfin courant dans les champs en gilet court de velours blanc, en jaquette de velours vert, un chapeau à la Louis XIV, le fusil sur l’épaule, ou bien encore galopant sur un cheval blanc, en amazone brune à longue traîne flottante, sous un gracieux kalpak.

Valéria était une artiste en toilette. À l’aide d’une paire de petites pantoufles, d’une écharpe,