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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

rendaient-elles chaque jour au troisième étage de cette maison sombre ? Dans le but d’y apprendre un art, à leurs yeux bien supérieur à tous les autres arts : l’art de s’habiller.

Les exigences de notre époque pratique veulent que les dames à qui la fortune n’enlève pas toute espèce de soucis, sachent tailler, coudre, préparer elles-mêmes leurs toilettes, et cela par pure économie, bien qu’il leur soit en même temps permis de se reposer sur la cuisinière du soin de la table, et sur la nourrice, la servante, du soin des enfants.

Selon l’habitude, les trois jeunes filles entrèrent sans bruit, ce jour-là, dans l’école de couture, et, sans bruit aussi, furent accueillies par les autres jolies élèves déjà assises à la table de travail. Mademoiselle Kronowetter, la rigide prêtresse de ce temple de la mode qui taillait en ce moment un manteau de velours pour la générale Kukucksheim, se contenta d’adresser un signe de tête aux nouvelles venues.

Les trois jeunes filles modèles prirent place à la longue table recouverte d’une toile cirée verte, en compagnie de la comtesse Erwine Schnabelthal, de la branche cadette des Hühnerschnabel et de mademoiselle de Kronstein, la fille du ministre de Kronstein.