Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
380
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

quille. Une seule chose lui serrait le cœur ; il n’avait personne à qui se confier. Sa délicatesse naturelle l’empêchait d’entretenir sa mère malade des tourments qu’il éprouvait. Elle aurait souffert, bien souffert de le savoir malheureux. Aussi résolut-il de cacher soigneusement son secret à toutes les personnes de la maison.

De la poste, il se rendit au parc où il resta assis quelque temps. Il était aussi abattu, aussi désespéré que le soldat qui se retrouve blessé, couvert de sang, après la bataille. Tout à coup il se souvint du comte. Avec celui-là il pouvait parler ; il le comprendrait et compatirait à sa douleur.

Il se dirigea rapidement vers le petit palais.

— Qu’y a-t-il ? lui demanda Riva en le voyant. Vous avez l’air tout consterné.

Andor s’assit et garda un certain temps le silence.

— Tout est fini, commença-t-il enfin. Je m’y attendais et pourtant je suis anéanti par la triste et froide certitude que j’en ai maintenant. Hanna, — ah ! cela me fait mal, bien mal, — Hanna a renoncé à moi.

— Mes félicitations, répondit le comte. Mieux vaut tôt que tard.

— Vous prenez bien tranquillement ce qui me