Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
369
PETITES AFFAIRES

en est ainsi de vos faits, de vos chiffres ; ils prouvent seulement que des idées, des principes auxquels on avait cru jusqu’ici ont été ébranlés ; mais les gens qui mettent au jour les faits, comme on extrait le marbre, sont aussi incapables de nous donner des idées nouvelles que les carriers de sculpter les statues. Vos faits et vos chiffres restent morts comme le marbre, jusqu’à ce qu’ils soient rendus vivants par cet esprit que j’appellerais l’esprit philosophique et qui est pour eux ce que le génie de l’artiste est pour la pierre.

Chaque fois que l’esprit humain, au lieu de travailler sans bruit, produit en même temps une foule de découvertes, de faits nouveaux, il en résulte, pour l’époque, de la fermentation, de l’inquiétude, du doute. Un courant philosophique disparaît avant qu’un autre vienne le remplacer. C’est ce qui fait que le désespoir devient plus grand chez les natures idéalistes, et que les natures matérialistes sentent grandir leur adoration d’elles-mêmes.

Mais de même que le flot des faits nouveaux a submergé tout d’un coup le champ de notre savoir et de nos opinions, de même survient soudain l’esprit supérieur qui refoule les vagues, délivre la terre, et de la tempête effroyable il ne reste