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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

était allé acheter une villa qu’il avait arrangée féeriquement. En homme habile, il avait payé comptant et il lui restait peu d’argent ; mais il comptait, non sans raison, sur son génie des affaires.

Avant de s’éloigner, il avait à faire quelques ennuyeuses visites d’adieu. Parmi ces visites, il comptait celle à Andor. Le docteur le reçut dans sa chambre. Les autres membres de la famille restèrent invisibles…

La mère d’Andor était gravement malade depuis plusieurs semaines. Son frère le capitaine et Mademoiselle Régina étaient au chevet de son lit.

Plant, qui avait autrefois témoigné tant d’amitié à madame Andor, ne laissa pas percer la moindre envie de voir la malade. Il prenait déjà ce ton protecteur par lequel les gens qui, de manière ou d’autre, ont fait leur chemin, c’est-à-dire gagné de l’argent ou acquis de l’influence, blessent si volontiers et si cruellement leurs amis restés en route. Mais il n’avait pas changé seul. Chez le docteur aussi, il s’était fait depuis quelque temps un changement qui n’échappa point à son visiteur. Plant trouva son ancien ami plus décidé, plus indifférent pour autrui, et cela ne lui déplut pas, disons-le à sa louange.

— Et toi, que deviens-tu, maintenant ? inter-