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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

heure la jeune fille causa avec Keith. Après le départ de celui-ci, la comtesse demanda à Julie :

— Comment le trouvez-vous ?

— Le baron ? Bien.

— C’est un joli homme ?

— Oui ; mais il est très-jeune.

— Un avantage, cela. Il n’a pas encore joui de la vie à satiété.

— Vous croyez ?

— Oh oui ! à votre place je l’épouserais.

— Mais je ne l’aime pas du tout.

— Tant mieux ! Vous pouvez voir avec sang-froid s’il vous convient. Pour ma part, je suis convaincue que vous ferez un couple parfait, très-beau surtout. Keith n’a pas de fortune, et pour le moment pas de position non plus ; mais il est de bonne famille, beau ; il a un bon caractère et une tournure très-distinguée ; que désirez-vous de plus ?

Ce fut ainsi que le mariage se conclut, tout-à-fait à la moderne, sans aucune sentimentalité, comme une affaire.

Sûr de posséder Julie, Keith songea sérieusement à faire oublier sa vie passée et à entreprendre quelque chose qui fût digne de son nom. Il résolut d’acheter une propriété avec la dot de Julie, cela va sans dire, et de l’exploiter lui-même. La comtesse l’adresse à Plant.