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UN SUCCÈS CONTEMPORAIN

jours du pain pour lui et sa famille ! Il y a bien plus de poésie dans les plis de la jupe d’une belle actrice que dans toutes les œuvres de Gœthe réunies.

Avant le départ de Valéria, Rosenzweig, le Mécène désintéressé, donna à l’hôtel d’Europe un superbe souper en l’honneur de la comédienne, ou plutôt en son propre honneur, car c’était lui qui avait découvert dans le ciel de l’art la nouvelle étoile. Il aimait, le vieux pécheur, à s’entourer de jolies femmes de théâtre, et dans cet amour il n’y avait pas la moindre prétention à leurs faveurs. Il lui suffisait de contempler les boucles soyeuses des belles chevelures et de sentir ses nerfs frissonner sous un faible courant d’électricité.

Mais ce modeste plaisir des yeux et des nerfs qu’il savourait, Rosenzweig ne pouvait, de sa personne, l’offrir à ses amies. Aussi invitait-il pour elles d’habitude un certain nombre de beaux jeunes gens. Au souper de la diva, il en fut ainsi.

Le banquier avait invité en outre quelques critiques influents, quelques acteurs et d’autres protecteurs des arts en son genre.

Parmi les invités ayant mission de faire la cour aux jolies dames de théâtre, en belles toilettes, figurait Plant.

Il avait su mettre à profit sa situation chez les Bärnburg. Tantôt il glissait la main dans la poche du