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UN SUCCÈS CONTEMPORAIN

Pour la rareté du fait, et puisque nous sommes les premiers, passez-nous le gant.

Steinherz leur tendit l’objet avec la même dignité que le pape donnant sa mule à baiser, et ils le touchèrent de leurs lèvres.

Le lendemain paraissait l’annonce suivante :

QUI VEUT EMBRASSER LA BELLE BELMONT ?

« Tout le monde évidemment ; mais, la chose étant impossible, tous les vrais amateurs de l’art se contentent d’embrasser son gant, ce qui peut se faire à tout instant chez

A. STEINHERZ, RUE DES PRINCES, 28. »

On lut l’annonce, on rit ; on s’étonna, et, en fin de compte, on n’en alla pas moins baiser le vieux gant par curiosité, par enthousiasme, pour la bizarrerie du fait ou pour pouvoir dire qu’on avait suivi la mode.

Le gant fit tellement fureur que, dès le second jour, il fallut placer un gardien de la paix devant la boutique Steinherz pour maintenir la circulation.

C’était précisément le soir où, pour son troisième rôle, Valéria personnifiait la Czarewna dans les Prisonniers de la czarine. Elle se montra sous deux costumes d’impératrice d’une beauté, d’une