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OÙ IL S’AGIT DE TROIS JEUNES FILLES MODÈLES

de nos jeunes filles est là, depuis l’enfance, et il ne faut pas s’en plaindre ; quel serait, sans cela, le sort des pauvres hommes de maintenant ?

La petite tête de mademoiselle Teschenberg était elle aussi une petite tête dans le goût affriolant du jour ; elle n’offrait aucun trait plein, saillant, bien en relief. On eût dit que tout y avait été calculé, arrangé pour les besoins de l’époque, depuis le front bas recouvert de cheveux châtains, les sourcils bien déliés, jusqu’au petit nez un peu relevé, à la bouche fine, avec des lèvres toujours mi-closes, au menton délicatement arrondi.

Comme il était surtout bien de notre temps, son grand œil gris qui brillait si clair, si fin, qui n’avait absolument rien de rêveur, de timide, d’étrange, qui ne parlait que de solide bon sens, d’inébranlable tranquillité des sens ! Ce n’était que lorsqu’il s’oubliait, ce grand œil, lorsqu’il lui arrivait de s’abriter légèrement derrière les cils bruns et de sourire un peu, oh ! pas beaucoup, qu’on pouvait le voir pétiller parfois, franc et frais comme la nature en fleurs. Il transformait alors toute la personne de la jeune fille, la parfumant pour ainsi dire d’un souffle printanier. Mais cela ne se produisait que rarement ; mademoiselle Teschenberg était très-bien élevée.

Oui, les trois jolies jeunes filles étaient très-