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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

la clarté de la lune qui éclairait en plein sa figure, il paraissait très-pâle.

— N’ayez pas peur, dit-il à voix basse.

— Pourquoi aurais-je peur, répondit Hanna. Je vous attendais.

— Vous… vous m’attendiez !

Si la gouvernante eût dit au visiteur : Voici un tonneau de poudre, je vais y mettre le feu et nous sauterons tous les deux ! il eût à peine été surpris ; mais ces trois mots : je vous attendais, le déconcertaient complétement.

— Madame Brenner, continua Hanna, m’a dit qu’un escalier tournant donnait accès dans cette pièce. L’escalier en question part de votre chambre au-dessous, du fond d’une bibliothèque et aboutit ici à une armoire. J’ai deviné que vous viendriez ; mais je cherche en vain pourquoi vous m’avez fait cette offense, car je suis sûre que la femme de charge écoute à la porte.

— Hanna… je vous aime.

— Est-ce une raison pour m’offenser ?

— Vous êtes à un autre, voilà ce que je ne puis supporter, j’en ai perdu tout sang-froid et j’ai voulu…

— Me compromettre, afin de me forcer à vous appartenir. Mais vous vous êtes trompé, monsieur le général, rien ne saurait faire plier ma volonté.