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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

tente-toi de ce que t’offre la terre, ce n’est pas aussi peu de chose qu’on se le figure.

— L’explication est jolie, dit le général. Je ne l’aurais pas attendue de vous telle quelle.

— Pourquoi pas de moi ?

— Parce que… parce que vous me paraissez caresser vous-même certains rêves.

— Moi !

— Et la correspondance que vous entretenez ?

« Ah ! c’est ainsi, se dit Hanna ; nous en sommes déjà à ce point ! Merci, inestimable madame Brenner ! »

— Je veux répondre à votre reproche aussi franchement que vous l’avez formulé, fit-elle en s’efforçant de prendre un air majestueux. Oui, il est vrai que j’entretiens une correspondance suivie avec un jeune homme de la ville. Y a-t-il quelque mal à cela ?

— Je ne pense pas ; mais où cela vous mènera-t-il ?

— Mais, général, à une union honorable, je l’espère.

— Toujours la coupe de l’arc-en-ciel.

— Pas tout à fait, reprit vivement la gouvernante. Pour une pauvre jeune fille comme moi, est-ce se faire illusion que de donner son cœur à un garçon honnête, aimable, qui arrivera, et qui