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LA COUPE DE L’ARC-EN-CIEL

su faire la conquête d’un tel homme ; elle lui envie le titre de générale, le château de Kranichsfeld, l’étang, le manége, la jument brune, le perdreau rôti et peut-être aussi l’amazone retournée en orléans.

Cette dame envieuse traitera certainement Hanna de coquette, et cependant elle ne l’est en aucune façon. Honnête et sérieuse, elle a conquis le général sans y mettre de la coquetterie. Une jeune fille intelligente, qui se trouve souvent en société de dames aux mœurs très-sévères, n’a qu’à écouter, et elle apprendra bien des choses qu’elle ne trouverait pas dans Paul de Kock ou Dumas fils.

Il est des prédicateurs qui, dans leur zèle ardent pour la crainte de Dieu et la pureté des mœurs, abordent souvent des sujets et parlent une langue qui suffirait à faire saisir un livre, comme on saisit certaines photographies expédiées sous couvert. Le même zèle passionné existe aussi chez nos femmes honnêtes. Quand elles tiennent cour de justice, pour prononcer sur les vices et les fautes du prochain, leur conversation et les histoires édifiantes qu’elles racontent, comme exemples effrayants, sont souvent si crues, si choquantes, que les jeunes filles présentes, tout en tricotant leur bas, apprennent ainsi à mieux connaître les