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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Le général n’avait pas tardé à avoir pour Hanna une faiblesse qui n’était nullement fondée, raisonnable ou utile pour lui, et qui, par cela même, avait une incontestable virilité ; dans son for intérieur, il y eut un débat des plus comiques entre ses habitudes et un sentiment nouveau, entre son économie étroite et sa galanterie naissante. Il se montrait ingénieux à trouver des petites attentions pour mademoiselle Teschenberg, il se jetait même aveuglément dans la dépense ; mais, quand il s’agissait ensuite de tirer de son portefeuille quelque vieux bon de caisse, il se cabrait comme un cheval que l’on arrête tout à coup dans son galop et qui se dérobe malgré tous les efforts de son cavalier.

Le premier jour où le général sortit à cheval avec Hanna, elle portait le petit chapeau noir et l’amazone en orléans qui avaient appartenu à la défunte générale. Elle avait bonne mine, parce que tout lui allait bien. Elle eût d’ailleurs paru belle à son compagnon même sous un costume de paysanne grossier, mal coupé, malpropre ; mais Clarisse trouva que le chapeau était bossué, la robe fanée, passée de mode, et son père fut bien obligé de s’en apercevoir à son tour. Il insista même vivement sur ce sujet et émit des opinions très-hardies.

— Ce chapeau n’est pas assez bon pour vous et