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LA COUPE DE L’ARC-EN-CIEL

Un esprit sain dans un corps sain, c’est ce qu’on peut souhaiter de mieux à ses enfants. Réglez-vous d’après cela.

— Je m’efforcerai de me conformer à vos désirs, monsieur le général, répondit mademoiselle Teschenberg d’un ton très-calme, très-net ; mais je vous prierai de me laisser le choix des moyens pour arriver au but que vous m’indiquez. L’éducation, bien moins encore que l’instruction, ne doit être mécanique. Des soldats destinés à ne représenter que des machines vivantes peuvent être taillés sur le même patron ; mais des enfants qui doivent avoir leur individualité, sous peine de mal s’en trouver, ne sauraient être élevés que selon leurs aptitudes particulières et subissent toujours par conséquent l’influence de leurs maîtres. C’est dans le contact vital du maître et de l’élève que réside la part la plus importante de l’éducation.

Laissez-moi donc d’abord étudier Clarisse ; dès que je la connaîtrai, nous procéderons de manière à nous contenter vous et moi. Chaque jour, chaque heure même, si vous voulez, monsieur le général, interrogez sur ce qui se fait ; mais ne nous imposez pas de méthode, afin que le résultat puisse vous satisfaire. Selon moi, il n’y a ni bonne ni mauvaise méthode d’éducation ; il n’y a que de bons et mauvais maîtres.