talent, de savoir ; pourquoi enterrer tous ces dons ? Vous ne voulez pas me faire croire, je suppose, que vous êtes utile à quelqu’un avec vos cours, pendant lesquels vos auditeurs pensent à quelque chose de plus amusant, ou que vous faites quelque bien avec vos écrits, qui ne sont et ne peuvent être lus que par des savants ?
Vous reconnaîtrez sans peine, je m’imagine ; qu’un seul ouvrage comme l’Histoire de la civilisation, de l’Anglais Thomas Buckle, a rendu plus de services à l’humanité que toute notre littérature historique, dont nous sommes si fiers et qu’un penseur qui écrit d’une manière aussi claire que Voltaire, ou Arthur Schopenhauer, contribue bien autrement à ôter aux hommes « le bandeau de l’erreur » que tous nos philosophes archi-sages pris en bloc.
Que de mal n’a pas fait notre Hegel à lui tout seul !
Ce que vous faites en ce moment n’étant profitable ni à vous ni à d’autres, n’est donc pas un travail réel ; ce n’est qu’une occupation fatigante, bonne à perdre son temps. En jouant aux échecs toute la journée, vous auriez le même droit de prétendre que vous exercez votre esprit.
Notre époque a besoin de travail et surtout du travail d’hommes comme vous. L’idéal en tout