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UN JOURNALISTE MODERNE

du corridor comme un fantôme, sans faire le moindre bruit, Andor le suivit. Ils arrivèrent devant une grande porte en bois brun plaquée de cuivre jaune. Jacques ouvrit.

La pièce dans laquelle ils pénétrèrent s’appelait à bon droit la chambre verte. Non-seulement les murs en étaient tendus de vert et le parquet recouvert d’un tapis de même couleur, mais encore l’ensemble en était disposé comme une espèce de verdoyant recoin de forêt. Dans la salle s’élevaient jusqu’au plafond de jeunes pins et sapins ayant de la mousse dans le bas et paraissant plantés dans le parquet. Ces arbres se trouvaient groupés, serrés autour d’un grand piano américain, séparé ainsi du reste de la pièce par l’espèce de vert rideau transparent que formait le feuillage.

Un bruit d’eau fraîche, tombant avec un murmure, se faisait entendre, et dans un coin de la salle un épais gazon semblait inviter au repos. Andor découvrit bientôt que le bruit était fait par un jet d’eau dont la colonne redescendait dans une grande et blanche coquille servant de bassin, que le beau gazon vert était un lit de repos recouvert de velours vert, très-ras, ne s’élevant que fort peu au-dessus du parquet et propice à la méditation, à la rêverie.

Le visiteur ne resta que peu d’instants tout seul.