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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

vous. Je vous serai fidèle. Andor, je vous le jure ; rien ne m’en empêchera, rien au monde. Écrivez-moi souvent, très-souvent ; écrivez-moi tous les jours ; moi, je n’y manquerai pas une seule fois. Et maintenant, adieu.

Elle se jeta dans ses bras, et se mit à sangloter.

Le docteur la tint longtemps ainsi. Enfin, elle se dégagea de sa poitrine.

— Ne m’accompagnez pas, fit-elle, cela vaudra mieux. Adieu !

Elle remonta rapidement l’allée. Arrivée à l’extrémité, elle se détourna une fois encore, et lui fit un salut de la main.

Après qu’elle eut disparu, Andor alla s’asseoir sur le même banc en pierre d’où il l’avait vue venir et se prit la tête à deux mains. Il se reprochait de ne pas être plus profondément affecté, mais il n’y pouvait rien. Il se sentait seulement très-oppressé, et son cœur était plein de doute, d’amertume, de dégoût.

Quelque touchante qu’eût été l’explosion subite des sentiments d’Hanna, Andor n’imposait pas silence aux doutes qui l’agitaient. Il croyait encore à l’amour d’Hanna ; il n’avait plus foi en sa constance.

Il resta longtemps ainsi, perdu en lui-même.