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LA PELOTE NOIRE ET GRISE

pain, mais sa vertu maternelle n’en était pas moins blessée de ce qu’il ne faisait pas la demande.

Dans des causeries en apparence innocentes, elle profitait de chaque occasion pour raconter des histoires qui arrivent tous les jours, histoires d’amours déçus, d’illusions perdues, d’unions malheureuses ; elle savait chaque fois faire ressortir très-adroitement que les circonstances matérielles défavorables étaient toujours la cause de tous les dénouements malheureux.

— Il faut bien réfléchir, dit-elle un jour, les jeunes gens qui songent à se marier ne se doutent pas, généralement, de ce que coûte un ménage. De nos jours, une femme est un luxe que les riches seuls peuvent se permettre.

Andor rougit et garda le silence. Hanna se prit à réfléchir. Son adorateur eût été effrayé jusqu’au fond de l’âme, s’il avait pu connaître les pensées de la jeune fille.

Un beau jour, la Faculté proposa Andor comme professeur. Ce jour-là, en se rendant chez les Teschenberg, il lui semblait voir sur chacun des nuages blancs courant dans le ciel des petits amours fripons, et ces amours tenaient un violon dont ils jouaient.

Hanna accueillit la grande nouvelle fort tranquil-