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UN VÉRITABLE ALLEMAND NE PEUT, ETC.

pourrions même aller à l’école chez les Français frivoles, corrompus, ignorants…

— Il n’était pas question de cela, répondit le comte lentement et avec calme. Mais, puisque nous voici sur ce chapitre, entamons-le. D’abord, je suis d’avis qu’aucun peuple n’est apte à se juger, pas plus qu’un homme ne saurait avoir une opinion juste de lui-même ; il faut, par conséquent, demander aux autres. Ce n’est pas ce que nous pensons de nous-mêmes qui fait autorité, c’est ce que pensent les autres nations. Mais, me direz-vous, elles seront partiales et dans le sens qui nous sera défavorable. Juste, très-juste. Que faire alors, sinon s’adresser aux faits, demander aux chiffres leur opinion. Vous reconnaîtrez que j’en appelle à des juges équitables, sévères, inflexibles même.

Nous sommes, d’après vous, le peuple le plus moral. Voyons ce que disent les chiffres implacables.

La meilleure mesure de la moralité nous est fournie par le chiffre des naissances illégitimes comparé au chiffre des naissances légitimes. À ce sujet, la réponse de la statistique est bien singulière.

En Prusse, sur 1,000 naissances on en compte 120 illégitimes ; dans l’Allemagne du Sud, on en compte jusqu’à 200, tandis qu’en France il n’y en