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UN VÉRITABLE ALLEMAND NE PEUT, ETC.

de nous, que chaque peuple débiteur a bien rendu ce qu’il avait reçu, et qu’à leur tour les Russes ont commencé à s’acquitter envers nous avec Pouschkine, Lermontow, Gogol et Turgenieff.

S’il est vrai que l’on ne puisse être original en ce monde d’échange matériel et intellectuel, il faudrait du moins être conséquent. Ou bien c’était une vertu nationale chez les Français de s’enthousiasmer pour Napoléon, et chez les Russes de se faire hacher pour Dieu et le tzar à Pultawa, Otchakof, Ismaïl, Borodina et Ostrolenka, ou bien nous n’avons, nous les Allemands, pas plus de vertu nationale que les Français, pas plus d’intelligence que les Russes.

La force est sujette à caution et le succès d’aujourd’hui peut être l’échec de demain ; mais le droit reste le droit « dans la bonne et la mauvaise fortune », pensions-nous à l’heure des revers ; je regrette profondément que nous l’ayons oublié avec la prospérité ; car je crois que tout ce qui est nationalité est destiné à périr, qu’il ne restera que ce qui est humain, et qu’il ne faut pas agir comme si l’Allemand seul devait personnifier cet « humain ».

— Et moi, je vous déclare, reprit Wolfgang, qu’il n’est plus le temps où la France commandait à l’Eu-